La récente décision du Président Macky Sall de mettre fin aux fonctions des membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena) a suscité une vive polémique et soulevé des questions importantes en matière de démocratie et de gouvernance. Le Dr Mbaye Cissé, chercheur et spécialiste en étude de Droit comparé, a exprimé un avis tranché sur cette question, affirmant que cette décision contrevient au protocole additionnel n°A/Sp1/12/01 de la Cédéao sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Selon le Dr Cissé, cette action du Président Sall va à l'encontre de l'article 2 du Code électoral, qui stipule que "aucune réforme substantielle de la loi électorale ne doit intervenir dans les six mois précédant les élections sans le consentement d'une large majorité des acteurs politiques". En modifiant la composition de la Cena en cours de processus électoral, le Président Sall semble avoir pris une décision qui soulève des inquiétudes quant à l'équité et à la transparence du processus électoral.
Le chercheur souligne également l'importance de la neutralité des membres des organes chargés des élections, une préoccupation partagée par la législation communautaire. Il remet en question la nomination de Cheikh Awa Balla Fall, membre de l'Alliance pour la République (Apr, parti présidentiel), dans le nouveau bureau de la Cena. Selon lui, cette nomination est contraire aux termes de l'article 3 du protocole additionnel de la Cedeao, qui exige que les membres de la Cena soient des personnalités indépendantes. Le fait que Cheikh Awa Balla Fall puisse être perçu comme ayant des affiliations partisanes remet en question sa neutralité dans le processus électoral.
Le Dr Cissé souligne également que toute autre décision prise par le nouveau bureau de la Cena pourrait être contestée en raison de la question de la légitimité de sa composition. Cette décision soulève des questions importantes sur la continuité et la stabilité du processus électoral au Sénégal.
Enfin, le Dr Cissé évoque la décision de Monsieur Doudou Ndir, qui exige que la Direction générale des élections (Dge), en relation avec tout service concerné du ministère chargé des élections, prenne les mesures nécessaires pour mettre à la disposition du mandataire de monsieur Ousmane Sonko la fiche de parrainages, la clé USB ainsi que tout autre outil de collecte prévu par la loi. Selon le Dr Cissé, cette décision continue de produire ses effets de droit, malgré la récente modification de la composition de la Cena.
Cette situation soulève des questions cruciales sur la gouvernance, la démocratie et l'intégrité des processus électoraux au Sénégal. La décision du Président Sall est-elle conforme aux principes démocratiques et aux normes internationales en matière d'élections ? Comment cette affaire pourrait-elle influencer le processus électoral en cours et l'avenir de la démocratie au Sénégal ?
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